La guerre est sans doute le plus brutal drame humain que puisse vivre un homme. Tuer ou mourir pour sauver des valeurs, défendre la liberté, comment vivre l'ambiguïté ? La question prend une tournure machiavélique lorsque pour défendre ses convictions, il faut s'engager dans une armée antagoniste. C'est ce que vécurent les Irlandais engagés dans le conflit de 1914-18. Chacun avec sa nationalité, des milliers anonymes vécurent les combats de manières singulières. Alors que nous commémorons le 90e anniversaire de l'armistice, et que nous nous rappelons tous les soldats morts au combat — tous animés par la même détermination à défendre la liberté et la paix. Il ne faut oublier aucun soldat connu ou inconnu : français sous l’Arc de triomphe, américain à Arlington, anglais à Westminster, russe sur la Place Rouge mais aussi belge, tchèque, italien, sénégalais, algérien, allemand, polonais, new zélandais, australien, canadien, écossais, serbe, hollandais... et j'en oublie sans doute. Cette guerre baptisée la Grande Guerre, la Guerre des Guerre, la Der des Ders ou plus simplement la première guerre mondiale fut pour tous les soldats engagés un véritable séjour en enfer. Les combats, la faim, la maladie, les rats, le gaz, l'horreur de la vie dans les tranchées boueuses, la perte de camarades... Á ces douleurs, partagés par tous les combattants, s'ajoutait pour les Irlandais : la déconsidération nationale. 49 500 Irlandais trouvèrent la mort, sur les 350,000 Irlandais qui furent engagés dans ce conflit. Le retour sur l'île, de ceux qui avaient survécu à l'horreur de cette terrible guerre et rentraient
" en héros " fut compliqué et déchirant.
Alors qu'en Irlande, l'armée britannique représentait une force d'occupation (rappelons nous les Pâques sanglantes de 1916), des Irlandais (350,000) feront le choix draconien d'endosser l'uniforme de cette armée pour aller combattre sur le continent. La guerre ne fut pas plus difficile pour eux, mais la douleur, engendrée par cet acte quasi héroïque de s'allier à l'ennemi séculaire pour défendre des idées, laissera des traces longtemps indélébiles dans le cœur et les âmes irlandaises. 90 ans plus tard, le 11 novembre, jour de l'armistice doit célébrer la création d'un espace de compréhension entre les peuples, de paix et rendre hommage à tous . Ces célébrations doivent aussi rappeler que depuis longtemps les Irlandais en européens convaincus ont participé à tous les combats de l'Europe. Il est temps de prendre en compte la pluralité des mémoires... Le Ministre des Affaires Européennes Irlandais Dick Roche et Madame Anne Anderson, ambassadeur d'Irlande en France ont représenté le gourvernement irlandais à la cérémonie officielle européenne, Douaumont près de Verdun, où était rendu hommage à tous ceux tombés pendant les combats incluant 49 500 irlandais.
La Guerre de 14-18 ne fut hélas pas la der des ders, mais marqua l'histoire du XXe siècle d'une douloureuse hécatombe... Une génération d'hommes meurtris qui croyaient en la réconciliation qui doucement, s'éteint. Auront-ils sû nous transmettre le pouvoir d'engendrer la paix durablement, afin que le combats de ces hommes, de tous ces hommes et femmes ne fusse pas vain, saurons-nous nous souvenir de Verdun, d'Ypres ?
Souvenons-nous ensemble des Irlandais morts pour la liberté en 1914-1918
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